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Disparition d’un prix Nobel de la Paix

Survivant des camps de la mort, il a consacré toute sa vie à défendre la mémoire de l’holocauste, Elie Wiesel s’est éteint samedi à New York à l’âge de 87 ans.

 Issu d’une famille juive hongroise, Elie Wiesel est déporté avec toute sa famille en mai 1944 à Auschwitz puis Buchenwald. Il a 15 ans. Il perdra sa mère, puis son père et l’une de ses sœurs dans ce cauchemar. Libéré par les Américains en avril 1944, Elie s’installe à Paris et n’aura de cesse de témoigner sur les horreurs de la guerre.
Après des études de philosophie à la Sorbonne, il travaille pour un journal israélien, rencontre de nombreuses personnalités dont François Mauriac, prix Nobel de littérature, qui l’aidera à publier un livre-témoignage sur l’univers concentrationnaire : La Nuit Editions de Minuit).
Il écrit : « Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n’oublierai cette fumée. Jamais je n’oublierai les petits visages des enfants dont j’avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet…. Jamais je n’oublierai cela, même si j’étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais. »

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Elie Wiesel (flickr.fr)

Le succès de ce best-seller se compte en millions d’exemplaires. Elie Wiesel écrira encore, une cinquantaine de livres et de pièces de théâtre, en français, en anglais, en hébreu, et yiddish. Devenu citoyen américain en 1963, il enseigne à l’université de Boston. Mais c’est en français qu’il écrit, cette « langue cartésienne qui rejette le mysticisme. »
Peu après avoir reçu le prix Nobel de la Paix, en 1986, Elie Wiesel crée avec son épouse d’origine autrichienne, la Fondation qui porte son nom et dont l’objectif est de ne pas oublier la Shoah « événement unique » dans l’Histoire. Elie Wiesel fut l’un des témoins lors du procès Barbie à Lyon en 1987.
Plusieurs fois décoré, notamment en France où il est Grand’ Croix de la Légion d’honneur, il a refusé d’être président de l’Etat d’Israël estimant n’être « qu’un écrivain ».
Il aimait rappeler cependant que tout ce qu’il faisait, il le faisait « en tant que juif ».
A l’annonce de sa disparition, le président américain Barack Omaba a salué la mémoire « d’un ami, de l’une des grandes voix morales de notre temps et, à bien des égards, la conscience du monde », car, dit-il, « Elie Wiesel ne se battait pas uniquement contre l’antisémitisme mais aussi contre la haine et contre l’intolérance. »
François Hollande a rendu hommage à « un grand humaniste, inlassable défenseur de la paix. » Pour le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Elie Wiesel était « un rayon de lumière et un exemple d’humanité qui croit en la bonté de l’Homme. »

E.L.

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