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Réforme de la SNCF (3)

C’est une analyse longue et sans concession à laquelle se livre ici Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat des cheminots First. Il décortique les tenants et les aboutissants de la réforme de la SNCF.

SNCF : le système ferroviaire français sur la sellette (DR)
SNCF : le système ferroviaire français sur la sellette (DR)

Méthodologie: Obtenir l’adhésion de l’opinion publique semble donc facile. Reste maintenant à bousculer les cheminots, peu convaincus sinon franchement opposés aux recommandations des rapports Spinetta et Duron.
Nul besoin d’une explication pour résumer la trajectoire retenue par le Gouvernement : éclatement de la SNCF, disparition du statut des Cheminots, suppression du tiers du réseau ferré, transfert des employés aux compagnies privées en cas de perte de marché TER, filialisation de Fret SNCF…
Le gouvernement pourra-t-il compter sur le soutien des syndicats d’accompagnement comme en 2014 ? Peut-être. Ils porteraient alors bien leur nom. Mieux vaut pourtant assurer ses arrières… Il est donc nécessaire de décrédibiliser la lutte des cheminots, voire de les stigmatiser. Là encore, la méthode sera empruntée à Nicolas Sarkozy. Le 11 septembre 2007, l’ancien Président émettait la volonté de s’attaquer à la « situation indigne des régimes spéciaux ».
Chacun avait compris que le qualificatif s’adressait plus à leurs bénéficiaires qu’aux régimes eux-mêmes. Dans le cadre d’un nivellement vers le bas l’ensemble des acquis sociaux, le chef de l’Etat avait ouvertement pris le parti d’opposer, avec un certain succès d’ailleurs, les salariés du public et du privé. Le temps de la solidarité entre travailleurs, comme en 1995, semblait révolu. Lors approche est désormais plus proche du style, « puisque je suis dans la mouise, autant que mon voisin y soit aussi ». Par le passé c’était plutôt « battons-nous ensemble pour faire évoluer ou défendre les règles sociales » ou « se battre plus pour obtenir plus ». Le monde virtuel d’aujourd’hui invite les salariés à oublier que les acquis sociaux hérités sont le fruit de décennies de luttes ou de négociations… Et ne sont pas tombés du ciel !

Les propos de Valls

Résumons : Pour mieux parvenir à ses fins, Nicolas Sarkozy avait donc pris le parti de stigmatiser les cheminots… Le retour en force de la « prime de charbon » et autres inepties a fait le reste. Rappelons aussi qu’Emmanuel Valls avait lui aussi usé d’un stratagème très proche lors des conflits contre la dernière réforme du système ferroviaire. Rappelons quelques-uns de ses propos, tenus en septembre 2014 : « Il y a nécessité d’une grande réforme, elle est attendue par la SNCF et par les cheminots eux-mêmes et cette réforme maintient évidemment le statut des cheminots… Cette réforme est indispensable et le débat aura lieu ». Au sujet du conflit de l’époque, l’ancien Premier ministre avait « regretté profondément que cette grève continue ». « On n’en voit pas le sens alors que le dialogue est maintenu et que la porte du gouvernement reste ouverte » avait-il précisé.
Autrement dit, les cheminots étaient débiles de poursuivre une grève « que personne ne comprend » alors que l’on leur assurait un avenir pour leur entreprise et de leur statut. Sauf que l’Entreprise a bien éclaté en trois entités distinctes. Des structures qui désormais marquent leur spécificité et leurs frontières.
Si le statut (dont la réglementation du travail fait partie intégrante) n’a finalement pas été profondément remis en cause, c’est sur ordre de François Hollande. Les reculs sociaux initialement envisagés par la SNCF ont été jetés au fond du tiroir pour protéger la promulgation de « loi travail ». Le mensonge, éhonté, fait partie intégrante de la méthode de sape et le fera à l’avenir… comme tout le reste !

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