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Médicaments du rhume : mieux vaut s’abstenir

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Des mouchoirs en papier, jetables, et un peu de patience, sont encore les meilleurs remèdes contre le rhume.
Grégoire Lannoy/Flickr, CC BY-SA

François Chast, Université Paris Descartes – USPC

Notre auteur, professeur de pharmacie à l’hôpital public, se penche ici sur une affection banale, le rhume. Mais il n’y a pas de médicament banal, et ceux du rhume méritent autant que les autres de voir leurs risques et leurs bénéfices mis en balance, comme il l’explique dans « Les médicaments en 100 questions » (éditions Tallandier), ouvrage dont nous publions ci-dessous un extrait.


Le rhume peut être causé par un phénomène infectieux ou allergique. Également appelé rhinite, il est responsable d’éternuements, de congestion nasale (c’est à dire d’une sensation de nez bouché) ou d’un écoulement obligeant à se moucher fréquemment et souvent, d’une sensation de mal de gorge. Les symptômes apparaissent graduellement et persistent durant cinq à sept jours, rarement plus.

La fréquence des rhumes est liée à l’âge : elle peut atteindre une fréquence de 10 épisodes par an chez les enfants de 2 ans mais souvent, les seniors ne sont plus touchés par le phénomène. En effet, avec l’âge, le système immunitaire développe des anticorps contre plusieurs des virus responsables du rhume et les neutralise à temps.

Les rhinites allergiques sont plus fréquentes au printemps, en particulier chez les patients de moins de 40 ans, avec le cortège de signes habituels qui conduit chez le pharmacien. Les patients ont des antécédents dans 30 % des cas. La rhinite allergique répond bien et rapidement aux médicaments antihistaminiques H1 (à distinguer des antihistaminiques H2 utilisés, eux, contre l’acidité dans l’estomac).

Des virus en cause dans les rhumes de l’hiver

Quant aux rhinites virales de l’adulte et de l’enfant, plus fréquentes que les rhinites allergiques, elles surviennent de manière épidémique et saisonnière, en automne et en hiver. Les virus en cause appartiennent à la famille des rhinovirus, adénovirus, coronavirus, influenzae, et virus respiratoire syncytial (VRS). Ces rhinites se manifestent également par une sensation de congestion nasale, une rhinorrhée claire. Ces signes évoluent dans un contexte de transmission souvent familiale ou professionnelle ; ils sont associés à ceux d’un syndrome viral, avec fièvre modérée (inférieure à 38,5 °C), malaise général, pharyngite, douleurs musculaires, conjonctivite, toux et éternuements.

Une surinfection bactérienne peut être suspectée en cas de persistance des symptômes. Les principales bactéries impliquées sont Haemophilus influenzae et Streptococcus pneumoniae (pneumocoque), avec une forte proportion de souches résistantes aux antibiotiques. L’antibiothérapie qui peut être donnée en première intention par le médecin, pour un traitement de sept à dix jours, comporte une association d’amoxicilline et d’acide clavulanique (Augmentin), les céphalosporines orales de deuxième génération (céfuroxime) et certaines céphalosporines orales de troisième génération (cefpodoxime, céfotiam).

En cas de contre-indication aux antibiotiques précédents, la pristinamycine (Pyostacine) et la télithromycine (Ketek) sont utilisables. Les antibiotiques locaux par instillation nasale ou par aérosol ne sont pas recommandés.

Des antibiotiques au cas par cas

Hormis les cas de surinfection, le traitement antibiotique peut être inutile, voire dangereux, car comportant des effets indésirables et entraînant un risque d’émergence de résistances bactériennes. La décision doit tenir compte du potentiel évolutif de l’infection et du terrain, c’est à dire de l’état des fonctions respiratoires, cardiaques, et immunitaires.

La corticothérapie par voie générale, en cure courte, est souvent utilisée (Solupred). Associée à un antibiotique (quand l’écoulement suggère une infection bactérienne), elle améliore la douleur et l’obstruction nasale. Néanmoins, la brièveté de la prescription n’exclut pas le risque de complications. À ce jour, rien ne soutient la prescription de la corticothérapie par voie nasale, et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’aspirine et l’ibuprofène, n’ont pas démontré non plus leur intérêt.

Des vasoconstricteurs déconseillés en cas de facteur de risque cardiologique

Un vasoconstricteur, un médicament qui réduit le diamètre des capillaires tapissant les fosses nasales et dont l’action décongestionnante assèche le nez en cas de rhume, peut être proposé à court terme. Comme la pseudoéphédrine associée à l’ibuprofène (Rhinadvil), soit par voie orale – par la bouche, soit par voie locale – par le nez, chez les patients sans facteur de risque cardiologique. Il réduit de façon significative l’obstruction nasale et favorise le confort du patient, en particulier lors du sommeil.

Couverture du livre, paru le 15 septembre.
Tallandier

Les antalgiques antipyrétiques (contre la douleur et la fièvre) sont utilisés, bien qu’ils n’aient fait l’objet d’aucune étude dans cette pathologie. L’usage du paracétamol est préféré à celui de l’aspirine. D’autres traitements proposés, comme l’acupuncture, l’aérosolthérapie, les fluidifiants, n’ont pas fait la démonstration de leur utilité.

The ConversationAu total, l’abstention thérapeutique est souvent la meilleure option. Des mouchoirs en papier, jetables, un peu de patience et la prudence vis-à-vis du risque de transmission à l’environnement familial ou social sont les meilleures attitudes. Pour éviter de contaminer ses proches, on évite le contact et on utilise un gel hydroalcoolique qui limitera le risque de transmission manuelle du virus en cause.

François Chast, Professeur de pharmacie, Université Paris Descartes – USPC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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