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Si vous voulez échapper à la grippe cette année… Relax !

Alexander Chaitoff, Case Western Reserve University et Joshua Daniel Niforatos, Case Western Reserve University

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Une boisson chaude pour se détendre. PourquoiPas/Pixabay

Avec la neige et les températures glaciales, les mois d’hiver apportent leur lot de toux, de rhumes et de grippe. Les infections du système respiratoire – celles qui provoquent une congestion de la poitrine que ne soulagent pas des quintes de toux profondes – figurent parmi les dix premières causes de décès aux États-Unis et dans le monde. Aux États-Unis, la grippe à elle seule tue des milliers de personnes chaque année.

En plus d’être à l’origine d’une mauvaise santé, la grippe et les autres affections respiratoires ont également un coup économique énorme. Une étude publiée en 2007 suggère que les épidémies de grippe entraînent chaque année aux États-Unis 10 milliards de dollars de dépenses directement liées aux frais médicaux tandis que le manque à gagner dû à la maladie se monte à 16,3 milliards supplémentaires annuels. Et cela ne tient pas compte des refroidissements et des rhumes ordinaires : le poids économique des infections respiratoires hors virus grippal se chiffre à quelque 40 milliards supplémentaires par an.

Éviter la grippe ou un rhume pendant les mois d’hiver peut se révéler difficile. Mais vous pouvez faire quelque chose en plus de vous faire vacciner contre la grippe et de laver vos mains : détendez-vous ! Le stress est fortement suspecté d’attaquer le système immunitaire et il risque de vous rendre plus vulnérable face aux infections.

Le stress à fortes doses endommage le système immunitaire

Le psychologue de la santé Andrew Baum a défini le stress comme étant une « expérience émotionnelle négative accompagnée de changements prévisibles, biochimiques, physiologiques et comportementaux, en vue d’une adaptation ». En fait, les scientifiques peuvent mesurer la réponse qu’apporte le stress à notre organisme qui met tout en œuvre pour se sortir de situations ardues, qu’il s’agisse d’événements difficiles de la vie ou d’infections.

Parmi la plupart des réponses au stress, le corps humain produit des substances chimiques appelées cytokines pro-inflammatoires. Elles activent le système immunitaire et, sans elles, l’organisme serait incapable de combattre bactéries, virus et champignons. Normalement, la réponse face au stress est utile en ceci qu’elle prépare votre organisme à affronter n’importe quelle difficulté à venir. Quand le danger s’évanouit, cette réaction disparaît avec la production de cytokines anti-inflammatoires.

Cependant, si la riposte au stress ne peut plus être arrêtée ou s’il y a déséquilibre entre cytokines inflammatoires et anti-inflammatoires, l’organisme peut se trouver endommagé. On appelle « charge allostatique » ce supplément d’« usure » dû à l’inflammation que provoque un degré élevé de stress. Cette charge allostatique est associée à de nombreuses maladies chroniques, tels les problèmes cardiovasculaires et le diabète. Cela explique en partie l’accent mis sur la prise de suppléments anti-inflammatoires destinés à prévenir ou traiter la maladie.

Le stress à court terme est également nuisible

Une réponse inappropriée au stress peut causer des dégâts plus graves qu’une maladie chronique. Elle risque aussi de vous prédisposer davantage aux infections aiguës en supprimant votre système immunitaire.

Par exemple, quand des souris sont soumises à différentes formes de stress environnemental, cela déclenche une augmentation, dans leur sang, de molécules dont on sait qu’elles ont des effets immunosuppresseurs pour l’organisme. La recherche a montré que ce type de réaction a son équivalent chez les êtres humains. Lors d’une étude menée auprès de femmes d’âge moyen et de femmes âgées, à qui on demandait d’effectuer un exercice de calcul mental ou de prononcer un discours, le stress éprouvé faisait grimper le taux de molécules similaires.

Le temps des études et des examens est souvent le temps du stress.
Jack Hynes/Flickr, CC BY-NC-SA

Une réponse analogue a été observée auprès d’étudiants en médecine. Selon une étude datant de 1995, ce sont les étudiants « se sentant stressés » pendant la période d’examen qui ont montré le taux le plus élevé de molécules présentant des caractéristiques de type immunosuppresseur.

Le stress ouvre la voie aux maladies

Il y a aussi des preuves directes qui montrent que le stress peut augmenter le risque d’infection. Ainsi, en Espagne, pendant une année, un groupe de scientifiques a effectué des sondages pour évaluer le stress auprès de 1140 personnes et a mesuré ensuite le nombre de rhumes intervenus dans le groupe. Ils ont découvert que chaque niveau de stress mesuré était associé à un risque plus élevé d’attraper cette maladie. L’échantillon important de personnes et le but de cette étude la rendent particulièrement significative. Même si la relation entre grippe et stress avait été établie ) dès les années 1960.

Plus récemment, nous avons présenté une étude calculant les scores de charges allostatiques chez plus de 10 000 personnes participantes à l’enquête National Health and Nutrition Examination Survey entre 1999 et 2002. Nous avons cherché s’il existait des corrélations entre les résultats de ces charges allostatiques et la possibilité de ressentir les symptômes de maladie contagieuse comme le rhume. Selon nos résultats, plus le niveau de charge allostatique était élevé chez un individu, plus il est probable qu’il avait manifesté des symptômes de maladie.

Même si la relation de cause à effet n’est pas complètement confirmée dans le type d’analyse que nous avons menée, nos calculs ont pris en compte de multiples marqueurs biologiques et chimiques qui n’auraient pas été impactés de façon significative par de courtes maladies. Cela suggère que la corrélation entre les résultats d’une charge allostatique et les symptômes dus à la maladie n’est pas seulement provoquée par le stress engendré par le fait d’être malade.

Nos constatations reflètent ce qui est communément admis dans ce domaine – une multitude de chapitres de livres ont été consacrés aux conséquences de l’interaction stress et risque infectieux. Toutes ces preuves laissent à penser que la diminution du stress peut conduire, pour ce qui concerne le rhume et la grippe, à passer une saison en meilleure santé.

Une ordonnance pour la relaxation

La vitamine C contre le rhume n’est pas vraiment efficace.
BullockCart/Flickr, CC BY-NC-SA

Certes, il existe des médicaments capables de traiter la grippe mais les derniers éléments avancés par la recherche semble montrer qu’ils ne sont efficaces qu’à la marge pour soulager les symptômes. Et qu’ils n’ont aucun effet dans la réduction du nombre d’hospitalisations. Quant à la vitamine C, fréquemment vantée comme un remède contre le rhume, elle n’a que peu d’effet sur l’incidence du rhume ordinaire, si l’on en croit les plus récentes études compilées par la collaboration Cochrane, un réseau indépendant de chercheurs.

Donc, tenir le stress à distance serait un pari plus efficace pour rester en bonne santé. Mais, outre penser à respirer profondément, on a montré que participer à des activités anti-stress pendant les mois d’hiver est un moyen de réduire le fardeau des maladies respiratoires. On pourrait y ajouter la mise en pratique d’une résolution de Nouvel An, se mettre à la gym.

En fait, un récent essai contrôlé a démontré que les personnes se livrant à une activité physique ou à de la méditation avaient moins de maladies respiratoires sévères et graves que celles qui ne pratiquaient aucune de ces activités.

On peut également se faire aider en parlant à quelqu’un, comme son médecin ou un psychologue afin d’acquérir des techniques de gestion du stress. Dans un essai clinique réalisé avec des enfants entre 8 et 12 ans, ceux qui parlaient relaxation avec des thérapeutes étaient de meilleure humeur et souffraient d’une moindre fréquence de refroidissements. À un niveau cellulaire, les enfants faisant partie du groupe encadré par des thérapeutes montraient des niveaux plus élevés d’immunoglobulines A, l’une des molécules qui protègent d’une infection les surfaces de muqueuses, comme les poumons.

Les procédés en question ne conviennent pas seulement aux enfants. Des articles de revues scientifiques concluent que les techniques de relaxation constituent, contre le stress, une importante stratégie thérapeutique.

La saison des rhumes et de la grippe est là, mais vous faire du souci ne peut que handicaper vos chances de rester en bonne santé. À la place, réfléchissez à la façon dont le stress attaque votre système immunitaire et prescrivez-vous une ordonnance de relaxation.

The Conversation

Alexander Chaitoff, Medical Student at Cleveland Clinic Lerner College of Medicine, Case Western Reserve University et Joshua Daniel Niforatos, Medical Student at Cleveland Clinic Lerner College of Medicine, Case Western Reserve University

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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