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Élections 2017. La finance : deux, le peuple zéro

Chronique de Gérard Charollois

Gérard Charollois, président' de Convention Vie et Nature (DR)
Gérard Charollois, président’ de Convention Vie et Nature (DR)

Née dans la guerre d’Algérie en période de décolonisations douloureuses et sous l’égide d’un homme d’exception qui avait épousé la France et l’Histoire, la constitution de la Vème République voulut renforcer l’exécutif et rompre avec le régime dit d’assemblées.
Le régime était parfaitement adapté aux conditions du temps.
Aujourd’hui, cette monarchie élective est absurde, obsolète, décalée, inadaptée aux exigences démocratiques d’une société qui n’est plus celle de 1958.
L’absence de scrutin proportionnel pour la désignation des députés prive 75%des Français ayant voté lors du premier tour de la présidentielle contre le candidat du « libéralisme économique » d’une véritable représentation et confère à un individu tous les pouvoirs : la fonction présidentielle, le gouvernement, l’assemblée nationale, le sénat, la presse en sa globalité et la finance qui contrôle les médias et qui l’a fait roi.
Voilà à quoi se réduit la démocratie française.
Le fait que les élections législatives suivent de quelques semaines l’élection présidentielle assure une majorité docile et soumise au président quel qu’il soit, ses dévots étant élus sous son nom, son parrainage et donc son absolue autorité. Sa majorité de petits soldats ne comportera ni frondeurs, ni personnalités fortes et déviantes.
Les oppositions ne recueilleront mécaniquement que quelques sièges les privant de toute capacité d’intervention sur les choix fondamentaux et ne leur conférant qu’un pouvoir tribunicien.
Si la présidentielle et les législatives étaient dissociées dans le temps, si la seconde suivait seulement d’une année la première, il est peu probable que le monarque électif obtiendrait une chambre d’enregistrement promise avec l’actuel calendrier électoral et un mode de scrutin inique conférant à 30% d’électeurs 80% des sièges.
Voter une loi sur davantage de probité dans la vie publique est une bonne mesure, mais qui ne sera rien aussi longtemps qu’un clan possède l’intégralité des pouvoirs, donc aussi longtemps que ne sera pas instauré le scrutin proportionnel.
N’oublions pas que tout pouvoir corrompt et qu’il faut toujours limiter le pouvoir par un autre pouvoir.
Les périodes de cohabitation seront toujours favorables à la révélation des grands scandales politiques, étouffés le reste du temps par l’omnipotence d’une coterie de courtisans du prince du moment.
Dans l’assemblée nationale qui sortira du scrutin en cours, le parti écologiste aura quasiment disparu, victime du brouillage d’image et des ambitions puériles de ses cadres, prompts à devenir ministres sans exiger les avancées que commande la pensée écologiste.
Nicolas HULOT risque de se sentir bien seul face aux forces d’argent qui préféreront toujours la spéculation lucrative aux exigences de la préservation du vivant.
En 2017, l’épisode navrant de la vie politique auquel nous assistons ouvre toutefois une perspective tenant à la dissipation des impostures.
Un faux parti socialiste, oublieux du peuple, et un pusillanime parti écologiste, oublieux de la nature et des animaux, sont défaits.
La finance a réussi à imposer son champion de rechange programmé en cas de chute du candidat naturel du Marché.
Car le libéralisme est plastique et présente ici comme ailleurs des leurres de rechange.
Alors, tout va mal ?
Non car tout est à construire : une alternative sociale et écologique résolue, claire et forte dans ses propositions.
Au risque de me répéter, ce qui vaut mieux que se contredire, j’affirme qu’un écologiste honnête ne doit pas participer à un quelconque pouvoir sans exiger l’abolition de la corrida, de la chasse à courre et sans susciter une politique généreuse pour le vivant.
Et puis, écologistes, progressistes, démocrates ne sauraient feindre d’ignorer l’immense arnaque que constitue la ploutocratie dominant les sociétés occidentales.
L’actualité française révèle avec éclat que la finance peut, partant de rien, créer un leader, susciter un parti et conquérir le pouvoir politique.
Oui, pour promouvoir un élu, un parti , pour agir en politique, il faut énormément d’argent, bien davantage que des idées, des talents, des projets.
Fondée sur le consumérisme addictif, le pillage et le saccage de la nature, l’abaissement et l’exploitation de l’humain, la société de Marché règne à l’abri de l’écran de propagande insidieuse, impliquant l’investissement de millions d’Euros pour lancer un quelconque mouvement.
Ce fait génère une dépendance du politique à l’égard de la finance qui se penche sur le berceau de toute formation de conquête du pouvoir.
Mais le Système comporte une faille.
La faiblesse du Système tient au risque d’un réveil des citoyens qui, le jour où ils comprendront le mécanisme de prise du pouvoir, deviendront réfractaire à la grande manipulation à l’œuvre ici et partout ailleurs.
Cette collusion entre l’argent et le monde politique, les lobbies, les affairismes et la propagande falsifient la démocratie.
En attendant, dans les mois à venir, citoyens, vous aurez à vous flexibiliser, à vous ubériser, à faire de grands efforts, de douloureux sacrifices pour satisfaire le Marché, ses œuvres et ses lois.
En 2017, la finance a joué à qui gagne perd.
Pourquoi ?
Depuis 1983, une fausse gauche et une vraie droite feignaient de s’affronter et d’alterner au pouvoir. D’aucuns dénonçaient le système UMPS. Aujourd’hui, les masques sont tombés et il n’y a plus d’alternance possible puisque la fusion s’est faite.
Tel un trou noir, le mouvement du président actuel aspire tout ce que ne rejette pas la presse, les forces d’argent, les maîtres à penser du Système.
Il sera difficile de feindre une fausse alternance suite à cette fusion.
J’ai échoué à représenter l’écologie politique en 2017.
Le comité central des VERTS écarta ma candidature au motif que « je serais trop clivant ». L’écologie politique s’évanouit. Mon seul mérite est de l’avoir annoncé et expliqué.
Nous devrons la refonder en englobant le social puisque tout se tient et que la cohérence appelle une sortie du système économique de dévastation et d’exploitation pour lui substituer un système de solidarité, d’empathie, de fraternité avec l’ensemble du vivant, puisque la raison du plus faible, à défaut d’être toujours la meilleure, est toujours celle qui mérite notre compassion. Immense dessein qui nécessite l’union de tous les gens de mieux.
Peu m’importe de ne pas être élu, promu, investi, décoré, gratifié, appelé sous les lambris de la république !
Notre ambition est autre.
Nous aurons montré le chemin que d’autres graviront, après nous, pour sauver la nature et l’humain, pour une autre société.

Gérard CHAROLLOIS

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