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Fillon : mise en examen en vue

Le candidat Les Républicains se rendra chez les juges le 15 mars. Mais pas question pour lui de se retirer de la course à l’Elysée. Il fustige la justice et en appelle à la démocratie. Stratégie hasardeuse. Bruno Le Maire le lâche.

Discours de François Fillon, le 1er mars 2017
Discours de François Fillon, le 1er mars 2017 (capture Public-Sénat)

Nouveau coup de tonnerre dans la campagne présidentielle. Dans un discours empreint de gravité, entouré des cadres du parti LR, François Fillon a annoncé aujourd’hui, un peu après midi, depuis son QG de campagne, qu’il était convoqué par les juges d’instructions du pôle financier en vue d’une mise en examen dans le cadre de l’affaire du Pénélopegate.
« Je ne reconnais pas les faits, a martelé François Fillon. Je n’ai pas détourné d’argent public. » Le candidat regrette de ne pas être traité comme un justiciable lambda. « Je ne suis pas un justiciable comme les autres et cela se voit dans le choix de la date du 15 mars, deux jours avant la date limite de dépôt des parrainages. (…) Mais je me rendrai à la convocation des juges, je suis respectueux de nos institutions. Je leur dirais ma vérité, qui est la vérité…. L’Etat de droit a été systématiquement violé. La présomption d’innocence a complètement et entièrement disparu. »

« Un assassinat politique »

La voix grave, le regard sombre, François Fillon poursuit : « C’est un assassinat politique. Mais ce n’est pas moi seulement qu’on assassine, c’est l’élection présidentielle. C’est le vote des électeurs de la droite et du centre qui est fauché. (…) C’est la voix de millions d’électeurs qui est muselée. »
Voilà pourquoi il a décidé de se battre. « Je ne céderai pas. Je ne me retirerai pas. J’irai jusqu’au bout, car au-delà de ma personne, c’est la démocratie qui est défiée. Je vous demande de me suivre…C’est au peuple français et à lui seul que je m’en remets. Lui seul, et non pas une procédure menée à charge, peut décider qui sera le prochain président de la République (…). La France est plus grande que mes erreurs, plus grande que les partis pris d’une large partie de la presse. (…) Ne vous laissez pas abuser, ne laissez personne décider de votre choix. »
Le final est à la hauteur de la dramaturgie : « Je vous demande de résister. Je le fais. Ma famille le fait, malgré tous les tourments. Ma famille politique le fera. (…) Oui, je serai candidat à la présidence de la République et nous tirerons de ces épreuves, avec ce qu’elles comportent de juste et d’injuste, le surcroît de force qu’il nous faut pour l’emporter. »

Pari risqué

Ainsi, François Fillon en appelle au peuple et à la démocratie pour le sortir du mauvais pas judiciaire dans lequel il est embourbé. Mais ni le peuple et ni la démocratie ne peuvent rien pour lui. Rien contre les concerts de casseroles qui accompagnent chacun de ses déplacements.
Le candidat Les Républicains est désormais dans une impasse autant judiciaire qu’électorale. Et il ne sert à rien de fustiger la justice ou les médias qui ne peuvent que prendre acte de ses propres turpitudes. Qui a dit : « imagine-ton le général de Gaulle mis en examen ? »
La justice n’a fait que son travail. Le parquet national financier (PNF) s’est saisi du dossier le 25 janvier 2017 au lendemain de la publication par le Canard Enchaîné du Pénélopegate, comme il l’a fait en d’autres circonstances. L’enquête a été confiée à des policiers spécialisés dans les affaires de corruption. Ils ont rendu leur rapport. Au vu de leur rapport, le PNF a décidé d’ouvrir une information judiciaire. Trois juges ont été nommés dont Serge Tournaire qui, à leur tour, estiment qu’il y a dans le dossier « des éléments graves et concordants » susceptibles de mettre le prévenu en examen.
Comme peut et doit le faire la justice dans une démocratie ou les juges sont indépendants. Quant à la presse, elle n’a pas inventé les salaires mirobolants consentis à l’épouse de François Fillon pour un travail qui reste à démontrer, elle n’a pas inventé les salaires à ses enfants alors étudiants. Et elle n’a jamais publié les PV d’audition de François ou Pénélope Fillon, contrairement à ce qu’a affirmé à plusieurs reprises le candidat à l’Elysée.
En politique, le mensonge est un poison mortel.

Marcel GAY

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