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Les mauvais chiffres du recyclage des déchets électroniques en Europe

Les mauvais chiffres du recyclage des déchets électroniques en Europe

Ian Williams, University of Southampton

Les progrès technologiques dans le domaine des téléphones portables, tablettes, ordinateurs et autres matériels électroniques rendent ces objets, devenus aujourd’hui indispensables, de moins en moins chers et toujours plus puissants. Mais cela signifie aussi que nous en changeons plus fréquemment et qu’ils deviennent indésirables et obsolètes plus vite, finissant immanquablement à la poubelle. Ces immenses quantités de déchets électroniques sont devenues un souci environnemental, sanitaire et économique de premier plan.

Un récent rapport du Projet CWIT (Lutte contre le commerce des déchets d’équipements électriques et électroniques), financé par l’Union européenne, souligne ainsi que seul un peu plus d’un tiers de ces déchets est pris en charge dans des circuits officiels de collecte et de recyclage. Le reste – environ 6 millions de tonnes par an – est soit exporté (1,5 million de tonnes), soit recyclé en dehors de tout cadre législatif (3,15 millions de tonnes), soit récupéré en décharge (750 000 tonnes) ou simplement mis au rebut. Compte tenu de l’énorme quantité de déchets électroniques produits au niveau mondial, la destination de tous ces biens de consommation constitue un vrai problème. Leur fabrication, coûteuse en énergie et en matériaux, a en outre des conséquences désastreuses sur les ressources naturelles et l’environnement.

Une grave menace pour l’environnement

Tous les déchets électroniques ne se valent pas. Certains peuvent contenir des centaines, voire des milliers, de substances potentiellement très toxiques ou de grande valeur. Et c’est précisément cela qui conduit au vol de matériaux : en 2012, l’UE a ainsi estimé que le vol de composants et matériaux précieux contenus dans les déchets électroniques atteignait entre 800 millions et 1,7 milliard d’euros. La plupart de ces déchets sont composés de métaux – or, plomb, nickel, argent, étain, zinc – ainsi que de matières plastiques réutilisables. Les éléments dangereux concernent l’amiante, les batteries, les cartes de circuits imprimés et les cartouches de toner des imprimantes.

La mise au rebut de ce type de matériaux de grande valeur représente un immense gaspillage. Mais l’économie de leur extraction ne fonctionne pas de façon satisfaisante en Occident. Bien souvent, les déchets électroniques sont exportés vers les pays en voie de développement et finissent dans des circuits de recyclage informels conduits par des individus ou des réseaux criminels. Dans certains pays, le matériel est brûlé en plein air ou traité à l’aide d’acides dangereux pour en extraire les métaux précieux.

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Au-delà des impacts néfastes sur l’environnement et la santé, cette absence de traitement et recyclage adéquats des déchets électroniques coûte très cher. La perte de matériaux précieux, utiles et souvent rares, provenant de ces déchets non traités se chiffre, on l’a vu, en millions d’euros.

Il y a aussi des risques éthiques relatifs au travail des enfants, notamment en Asie et en Afrique. L’expédition illégale de ces produits des pays riches vers d’autres plus pauvres, qui ne disposent pas d’installations appropriées, est en effet très répandue. Le lien étroit entre des déviances d’ordre éthique dans la gestion des déchets électroniques et les dommages environnementaux et sanitaires a été mise en évidence. Prévenir ces expéditions illégales pourrait ainsi atténuer ces effets néfastes.

Alors que la population mondiale devrait atteindre 9 milliards de personnes en 2050, conduisant à une augmentation dramatique de la quantité de déchets électroniques à traiter, il devient urgent de mettre en place des lois, des règlements et des procédures appropriées.

The Conversation

Ian Williams, Professor of Engineering and the Environment , University of Southampton

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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