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Pour être un bon parent, il n’y a pas de recette unique

Nicola Dawson, University of the Witwatersrand

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parents-enfant (PublicDomainPictures.net)

Pour être un bon parent, il faut suivre plusieurs « règles ». Féliciter son enfant pour chacune de ses réussites, y compris les plus minimes. Être chaleureux et heureux quand on est avec lui, lui sourire, faire preuve d’optimisme. En ce qui concerne les bébés, maintenir un contact verbal direct, les regarder, leur parler quand ils jouent ou lorsqu’ils gazouillent.

Ces approches reposent sur des études approfondies qui visent à comprendre la relation entre l’éducation et le développement de l’enfant (aussi bien ses résultats scolaires que les relations qu’il entretient avec ses camarades). Ces études ont démontré, à maintes et maintes reprises, que ce développement dépend en grande partie de la façon dont l’enfant a été élevé. L’éducation est donc fondamentale, et certaines méthodes sont plus adéquates que d’autres.

Mais quelle est l’influence de notre environnement actuel, ou de l’endroit où l’on a grandi, sur notre attitude en tant que parent ? Y a-t-il des méthodes d’éducation universelles ? Voici les thèmes que j’ai abordés lors de mon doctorat.

Un manque de recherche

La plupart des travaux relatifs au développement et à l’éducation des enfants ont été réalisés en Occident, notamment en Amérique du Nord et en Europe de l’Est, par des chercheurs occidentaux qui étudient des familles occidentales. Mais ces familles ne représentent que 12 % des parents et enfants à travers le monde. L’énorme majorité des familles avec enfants habitent des régions qui n’ont jamais été étudiées. Les données dont disposent les chercheurs, ce qu’on nous présente comme l’« éducation idéale » ne s’applique donc qu’à un groupe relativement restreint de personnes.

D’après des études réalisées dans d’autres parties du monde, le contexte culturel aurait une grande influence dans l’éducation. Si certains critères nécessaires pour être un bon parent sont universels, d’autres varient du tout au tout selon les pays.

Féliciter son enfant, établir un contact verbal direct avec lui ou adopter une attitude positive et chaleureuse sont des comportements qui ne se retrouvent pas partout. Ils ne sont d’ailleurs pas considérés comme très importants dans certaines régions, comme dans le township d’Alexandra à Johannesburg (Afrique du Sud). C’est là que j’effectue mes travaux de recherche.

Éducation contextuelle

Une idée commence à s’imposer chez les chercheurs qui s’intéressent à la parentalité dans les pays en développement : les différentes pratiques sont, et doivent rester, intimement liées au contexte, à la culture et aux valeurs sociales qui entourent l’enfant durant sa croissance. Les résultats de mes études à Alexandra, que beaucoup d’habitants surnomment Alex, corroborent cette notion.

Par exemple, un enfant élevé dans le comté de Westchester, dans l’État de New York, devra être capable de s’intégrer à la culture individualiste du pays. Son succès dans la vie sera mesuré à l’aune de sa réussite professionnelle et de sa position sociale, et il aura vraisemblablement besoin d’avoir un bon poste.

Pour le décrocher, il lui faudra faire de bonnes études, qui nécessitent une certaine confiance en soi, des compétences verbales correctes et une nature aimable et souriante. Il est donc logique que, dès son plus jeune âge, sa mère se montre bavarde, souriante et encourageante avec lui.

Ces liens de causalité sont bien différents pour un enfant qui grandirait à Alexandra, une zone urbaine très peuplée aux allures de bidonville. Les taux de criminalité et de chômage y sont très élevés, les drogues courent les rues et les violences domestiques sont monnaie courante. Les attentes des parents envers leurs enfants sont donc particulières : la priorité est d’éviter qu’ils ne tombent dans la drogue ou ne s’attirent des ennuis, plutôt que de savoir s’ils ont beaucoup de copains.

Sur tout le continent africain, le collectivisme prime sur l’individualisme, et il en va de même à Alexandra. Un enfant bien élevé respecte ses aînés, les traditions, et doit faire preuve de modestie. Les réussites du groupe prennent le pas sur les succès individuels, et il est donc mal vu de féliciter quelqu’un en se montrant trop démonstratif, d’autant que la confiance en soi n’est pas considérée comme primordiale. Les parents préfèrent mettre l’accent sur l’obéissance et la prudence.

À la recherche d’une approche éducative propre à chaque culture

Comme dans toutes les sociétés, les parents qui vivent à Alex n’adoptent pas tous de bonnes pratiques. Certains parviennent à mettre leurs enfants sur la bonne voie, d’autres non : ils se plaignent de leur « indiscipline » ou de leurs « performances scolaires décevantes ».

La plupart de ces parents cherchent un soutien auprès des psychologues et des assistants sociaux. Pour autant, l’expérience et la recherche montrent qu’on ne peut pas se contenter d’appliquer des méthodes occidentales pour les aider, même s’il est difficile de savoir comment développer une approche adaptée à la culture et à la situation de chacun.

Mon étude vise à définir des « règles » à suivre, propres au contexte d’Alexandra, pour devenir un bon parent. Par la suite, je démontrerai que les pratiques éducatives que l’on retrouve dans cette ville sont adaptées et conduisent à des résultats positifs. Enfin, j’analyserai les comportements les moins appropriés, et leur origine.

Traduit de l’anglais par Maëlle Gouret pour Fast for Word.

The Conversation

Nicola Dawson, Psychologist – Infant Mental Health, University of the Witwatersrand

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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