Outre-Mer
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La Guyane paralysée

Ce département français d’Amérique du Sud (250.000 habitants) s’invite brusquement dans le débat de la présidentielle. L’Union des Travailleurs Guyanais (UTC) lance une grève illimitée dès ce lundi.

Les manifestants bloquent les routes
Les manifestants bloquent les routes

Les 37 syndicats regroupés au sein de l’UTC ont voté à l’unanimité la grève illimitée à compter de ce lundi 27 mars. Ils sont rejoints par des collectifs de citoyens et de nombreux élus. A l’origine de la colère des travailleurs, le chômage, la délinquance, les prix exorbitants, le ras-le-bol général des Guyanais. « Aujourd’hui nous avons des dizaines de milliers de Guyanais qui n’ont pas accès à l’énergie et à l’eau courante, ce n’est pas possible de continuer comme ça » déclare Davy Rimane, secrétaire général du syndicat UTG-CGT de l’éclaire guyanais à France-Info. Il ajoute : « Nous n’avons pas apprécié la réponse du Premier ministre Bernard Cazeneuve, d’envoyer des hauts-fonctionnaires [à la rencontre des grévistes] alors que nous avions demandé des ministres. Cela fait des années que nous ne sommes ni entendus ni écoutés. Aujourd’hui, la population en a ras-le-bol. »

Cagoules et gros bras

L'ancien préfet de Guyane face aux hommes cagoulés du collectif des 500 Frères
L’ancien préfet de Guyane face aux hommes cagoulés du collectif des 500 Frères

La grogne sociale a commencé il y a plusieurs jours. L’accès au centre spatial de Kourou a été bloqué en début de semaine dernière. Quelques échauffourées se sont produites avec les forces de l’ordre. Arianespace a repoussé le lancement d’une fusée. Plusieurs vols entre Paris et Cayenne ont été annulés. Dans le même temps, le rectorat a jugé préférable de fermer les établissements scolaires.
Pour tenter d’apaiser les passions, la ministre des outre-mer, Ericka Bareigts a invité les leaders syndicaux à Paris pour tenter de trouver une issue aux revendications des grévistes sur les problèmes économiques, de santé, de sécurité… Mais les syndicalistes ont refusé de se rendre à Paris.
Samedi, c’est le Premier ministre, Bernard Cazeneuve qui a appelé les manifestants au calme. Il décide d’envoyer « une mission interministérielle de haut niveau » en Guyane. Conduite par l’ancien préfet de Guyane, Jean-François Cordet, aujourd’hui Conseiller maître à la Cour des comptes, la mission a été reçue, dimanche, par des hommes cagoulés, membres des « 500 Frères » un collectif musclé contre la délinquance.
« La Guyane exige et les 500 Frères contre la violence exigent la venue immédiate du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur, du ministre de l’Economie, de la Justice, des Finances et de la Santé, a indiqué, le visage dissimulé, un porte-parole. Vous avez face à vous des gens déterminés. »
Jean-François Cordet est reparti sans avoir rencontré qui que ce soit d’autre, en expliquant devant les caméras : « Nous venons avec des gens capables de prendre des décisions… Nous avons un mandat du Premier ministre d’engager le dialogue pour faire un point précis des revendications et y répondre. »
Manifestement, il n’a pas été entendu. La mobilisation va donc se poursuivre. Et sans doute se durcir.

M.G.

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