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L’Algérie : une croissance de 3,6% en 2016!

Ilyes Zouari, spécialiste du Monde francophone analyse ici l’économie Algérienne. Il relève ses points faibles mais aussi ses points forts qui font du pays l’un des plus prospères du Maghreb. Entretien.

L'Algérie connaît une ère de prospérité (Wikimedia Commons)
L’Algérie connaît une ère de prospérité grâce aux hydrocarbures (Wikimedia Commons)

L’Algérie a réalisé une croissance de 3,6% en 2016. C’est la meilleure performance du Maghreb et de l’ensemble des pays exportateurs de pétrole d’Afrique du Nord. Comment l’expliquez-vous ?

L’Algérie vient, en effet, d’enregistrer la meilleure performance du Maghreb, mais également de l’ensemble des pays arabes exportateurs d’hydrocarbures, hors cas particuliers des pays en guerre dont la croissance est par définition très fluctuante (Iraq, Yémen et Libye). Ceci confirme donc la tendance positive déjà observée en 2015, année où seuls les Émirats arabes unis avaient fait mieux. Tout cela est le résultat des efforts réalisés depuis plusieurs années en matière de diversification, et qui ont notamment consisté à développer différents secteurs vitaux, de l’agriculture et des industries agroalimentaires aux industries pharmaceutiques, par exemple. Ainsi, et à défaut de pouvoir encore exporter différents biens vers les marchés extérieurs, en dehors des hydrocarbures, le pays s’est fixé pour objectif de pouvoir au moins couvrir une partie grandissante de ses besoins. Ceci constitue une première étape nécessaire, en espérant que cela ne s’arrête pas là.

Quel est l’état de la dette publique ?

A cela, s’ajoutent d’autres efforts non négligeables visant également à mieux amortir les variations à la baisse des cours des hydrocarbures et à soutenir la consommation, comme la création du « Fond de régulation des recettes » (FRR) en l’an 2000. Ce dernier s’ajoute aux très importantes réserves de change que le pays a su mettre de côté, bien davantage que les deux autres principaux producteurs africains d’hydrocarbures que sont le Nigéria et l’Angola (qui ont enregistré, respectivement, une croissance de -1,5% et de 0,0% en 2016), ou encore le Venezuela qui se trouve dans une situation économique dramatique que l’Algérie n’a jamais connue dans toute son histoire récente. Ce pays a d’ailleurs vu ses réserves de change atteindre un minimum historique de seulement 11 milliards de dollars fin 2016, contre 114 milliards pour l’Algérie qui est pourtant un tiers plus peuplée. Enfin, rappelons que la dette publique algérienne est une des plus faibles au monde, située à seulement 9% du PIB (soit dix fois moins que la France ou que le Royaume-Uni), ce qui lui donne aussi une marge de manouvre supplémentaire.

L’Algérie est un pays prospère…

L’Algérie réalise donc désormais une croissance annuelle hors hydrocarbures comprise entre 5 et 6%, ce qui a contribué à réduire la part des hydrocarbures dans le PIB à environ 30% aujourd’hui. Certes, ce taux est encore assez élevé, mais il dépassait largement les 50% il y a une quinzaine d’années, à une époque où le pays connaissait facilement une croissance négative lorsque les prix des matières premières étaient à la baisse. L’Algérie d’aujourd’hui n’est donc plus celle de la fin du siècle dernier. Même si il est évident qu’il reste encore beaucoup à faire, comme en témoigne la part encore extrêmement élevée des hydrocarbures dans les exportations, ou encore le grave déficit budgétaire que connait actuellement le pays, il est cependant très important de savoir aussi mentionner les choses positives : il en va de l’image et de la réputation du pays et de son peuple, condition sine qua non pour que les étrangers s’intéressent à l’Algérie et aux Algériens, et contribuent ainsi à mettre en place un cercle vertueux de nature à accélérer le développement du pays.

Ilyes Zouari
Spécialiste du Monde francophone,
Auteur du « Petit dictionnaire du Monde francophone » (L’Harmattan, Avril 2015).

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