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Où va-t-on ‘’délocaliser’’ les migrants de Calais ?

Le président de la République a promis que la jungle de Calais serait évacuée avant la fin de l’année 2016. Mais où seront répartis les migrants dont personne ne veut ? 1.332 sont attendus dans la région Grand Est. Metz redoute de devenir un nouveau Calais.

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Le camp de Blida à Metz: des tentes en pleine rue (Capture BFMTV)

Ils sont entre 9.000 (autorités) et 12.000 (associations). Les migrants de Calais qui veulent à tout prix quitter la France pour s’installer au Royaume Uni, s’entassent dans des camps de fortune depuis des années. Avec ce que cela suppose de misère, de racket, d’insalubrité, de danger. Tout le monde est d’accord : cela ne peut plus durer. Voilà un point sur lequel droite et gauche se retrouvent.
« La France n’est pas un pays de campements » a clairement indiqué François Hollande en visitant récemment l’un des 164 centres d’accueil et d’orientation (CAO) qui accueillent les migrants évacués de Calais et de Paris. Mais encore faut-il trouver des lieux d’accueil pour les autres. Où ? Comment ?

12.849 migrants à répartir

On sait d’ores et déjà que la région Ile-de-France et la Corse ne sont pas concernées. Pour les autres régions, la répartition tient compte de la démographie et des efforts déjà consentis.
Concrètement, la région Auvergne-Rhône-Alpes devra accueillir 1.784 réfugiés (soit 13,88%), la Nouvelle Aquitaine 1484 (11,54%), l’Occitanie 1445 (11,24%), le Grand Est 1332 (10,36%), la Bourgogne Franche-Comté 1300 (10,11%), la Provence Alpes-Côte d’Azur 1175 ( 9,14%), le Centre Val-de-Loire 828 (6,44%) Les Pays-de-la-Loire 922 (7,17%) la Bretagne 760 (5,91%), la Normandie 813 (6,32%) et les Hauts-de-France 1006 (7,82%).
La simple addition de ces chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur nous donne 12.849 personnes et non pas 8 ou 9.000 comme on l’entend dans les discours officiels.
L’ennui, c’est que pour l’instant, les préfets n’ont pas de lieux d’accueil. Ils s’opposent aux populations locales qui ne veulent pas de migrants chez eux. Un passage en force risque de provoquer des troubles à l’ordre public et des tensions au sein même des conseils municipaux. Comme à Tantonville, en Meurthe-et-Moselle, où le maire a démissionné lorsqu’on lui a imposé l’accueil de 11 migrants en décembre 2015. Il n’est toujours pas remplacé.

Des crispations

Ailleurs, on l’a vu, de nombreuses communes s’opposent à un diktat. A Metz, la situation devient très compliquée et suscite des crispations au sein de la population. Il est vrai qu’un afflux massif de migrants (plus d’une centaine par semaine) devient insupportable.
Pourquoi Metz ? Parce qu’il existe l’un des trois guichets d’enregistrement des demandeurs d’asile, avec celui de Strasbourg et de Châlons-en-Champagne. Une fois enregistrés, les demandeurs d’asile doivent bénéficier d’un hébergement, comme le prévoit la loi. En outre, les demandeurs d’asile bénéficient un petit pécule : 6,80 € par jour et par personne si elle est seule, 10,20 € pour un couple, 13,60 pour une famille de trois personnes, 17 € pour une famille de quatre, 20,40 € pour une famille de cinq… Les demandeurs d’asile ont accès aux soins et à la scolarisation des enfants.
Ils le savent, les passeurs aussi. D’où l’appel d’air qui en résulte.
Actuellement, il y a 4.200 places d’accueil à Metz et dans les environs. Toutes sont occupées. Du coup, les migrants s’installent dans la rue.
A Metz, les migrants sont originaires de Balkans (Kosovo, Albanie, Serbie, Monténégro) pour 70% d’entre eux, c’est-à-dire de pays « sûrs ». Il y a donc peu de chance qu’ils obtiennent le droit d’asile. Mais pendant l’instruction de leur dossier, soit entre 10 et 19 mois, ils peuvent rester sur le territoire français.
Ensuite ? Comment leur demander de repartir quand les enfants ont été scolarisés ? Quand un bébé est né sur le sol français ?
Le problème de l’arrivée massive des migrants ne fait que commencer.

Marcel GAY

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