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La famille, c’est un zoo

Réalisé par Anthony Cordier, « Gaspard va au mariage » est une comédie tendre et fantaisiste. Rencontre avec l’équipe.

Affiche du film Gaspard va au mariage
Dans le décor quasi unique d’un zoo, Anthony Cordier a tourné un joli conte moderne.

Laura trouve que Gaspard a eu bien de la chance de grandir dans un zoo. « Si on veut », répond Gaspard, qui sait lui que la vie des animaux a bien des ressemblances avec la vie des humains. Le Gaspard du film d’Anthony Cordier, « Gaspard va au mariage » (sortie le 31 janvier), est incarné par Félix Moati ; en chemin pour aller au remariage de son père, dans sa famille qu’il n’a pas vue depuis quelque temps, Gaspard propose à une inconnue, Laura (Laetitia Dosch), de l’accompagner et de se faire passer pour sa copine.

Laura accepte par jeu, par curiosité, et ne va pas être déçue : elle découvre une drôle de famille dans une drôle de maison, un zoo qui périclite, dirigé par « un mec pas comme les autres » (le père, joué par l’acteur belge Johan Heldenbergh), où la soeurette Coline (Christa Theret) se balade avec une peau d’ours sur le dos à la façon de « Peau d’Âne », et où la future mariée vétérinaire (Marina Foïs) ne veut plus vraiment se marier.

« Un univers fort, une proposition singulière »

« J’avais envie de faire un film de famille, de faire ma proposition et qu’elle soit différente », confie le réalisateur Anthony Cordier (« Douches froides », « Happy few »), qui revendique l’influence du cinéma de Wes Anderson (« La famille Tenenbaum », « Moonrise Kingdom », « The Grand Budapest Hotel »…). Il a choisi un zoo comme décor quasi unique et « réservoir à fiction » : « Je voulais trouver un univers pour le film qui soit suffisamment fort, une proposition singulière », dit-il, « Avec ce zoo, je pouvais avoir des personnages jamais vus avant. Evidemment, les animaux c’est très difficile de les approcher, ça crée des contraintes pour le coup ».

Son film est ainsi une comédie fantaisiste, tendre et poétique, un conte moderne, qui évoque « en même temps » la fin d’un monde et la fin de l’enfance, et ce quelque chose d’animal dans les êtres humains.

Si Gaspard est le fils « préféré, l’enfant génial », Guillaume Gouix joue quant à lui l’autre fils, « le plus cartésien » de la famille. « J’avais adoré les deux premiers films d’Anthony, il met des adultes dans les rapports de l’enfance, il n’y a aucun jugement moral, ça crée de belles situations de comédie et de poésie », dit l’acteur. Le plus difficile dans la vie, estime Gaspard, c’est de « trouver quelque part dans le monde quelqu’un qu’on aime plus que sa famille ». « C’est une phrase très poétique, je ne sais pas si l’amour est mesurable, mais l’idée est de se défaire de sa famille. Le film parle des places prédéfinies qu’on a dans les familles, mais ça peut changer », ajoute Guillaume Gouix.

« Elle est très sauvage, un peu surnaturelle »

Laetitia Dosch admet une certaine connivence avec la Laura quelle interpréte : « Il faut, sinon je joue mal. Parfois, je peux avoir une certaine insouciance et un goût pour l’aventure, et faire des choses qui n’étaient pas prévues », reconnait la comédienne. Découverte avec « LOL » de Lisa Azuelos et remarquée récemment dans « Renoir » de Gilles Bourdos, Christa Théret a travaillé avec un acteur zoomorphe pour préparer son rôle à peau d’ours. « C’est la première fois qu’on me voit un peu sauvage au cinéma, j’aimais bien ce côté impulsif, dérangé, être un peu mi-homme mi-bête », dit-elle, « Elle a une coupure nette avec la réalité, elle n’est plus vraiment dans la société, elle n’a plus de repères, elle est très sauvage, un peu surnaturelle, elle a un sixième sens ». On vous l’avait bien dit, c’est un zoo cette famille.

Patrick TARDIT

« Gaspard va au mariage », un film d’Anthony Cordier (sortie le 31 janvier).

Félix Moati : « Je me sens proche de Gaspard »

C'est la première fois qu'on me voit sauvage au cinéma", dit Christa Theret.
Sur le tournage de « Gaspard va au mariage », Félix Moati a connu « un grand moment d’amitié avec une girafe ».

Dans le zoo du Reynou, dans le Limousin, où a été tourné « Gaspard va au mariage », Félix Moati le citadin a eu « un grand moment d’amitié avec une girafe » mais aussi « un peu peur, parfois », des animaux. « Félix a un côté lion, royal, et totalement branleur », confie le réalisateur Anthony Cordier.

« Oui, je me sens proche de Gaspard, dans le fait de partir de cette famille pour y revenir », dit Félix Moati, « Même un personnage qui n’a rien à voir avec toi, tu le ramènes à toi, avec ton regard sur les choses, ta nervosité, ta manière de voir le monde, de bouger ton corps, tes épaules, c’est un dialogue permanent avec ce que tu es ».

Dans « Gaspard », le jeune comédien a retrouvé Christa Theret avec qui il avait débuté dans « LOL » ; depuis, Félix Moati a trimbalé sa dégaine un peu lunaire et sa bonne tête dans une douzaine de films, dont « Télé Gaucho », « Hippocrate », « A trois on y va », « Simon et Théodore »… Si Gaspard doit se délester du poids du père, Félix n’a pas eu ce problème avec son paternel, le journaliste et cinéaste Serge Moati. « Je l’ai vécu très bien, comme n’importe quel fils avec son propre père, je pense », raconte le jeune homme, «  Quand à un moment donné on se fait confiance, on n’a pas peur de lui ressembler, c’est un truc qui va avec l’âge, on a vraiment un rapport père-fils »

« J’ai toujours eu envie de jouer et de réaliser »

Une fois échappé du zoo, le comédien a plongé dans « Le grand bain », un film de Gilles Lellouche (sortie le 24 octobre), où il a rejoint une équipe de natation synchronisée masculine, avec Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Mathieu Amalric, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katherine… « C’était marrant, c’est un film qui met à bas le culte de la virilité, j’aime bien cette idée, c’est un film très féminin, il est chouette », dit-il.

Poelvoorde, Félix Moati l’a aussi dirigé, ainsi que son pote Vincent Lacoste, dans le premier film qu’il a réalisé, « Deux fils ». Encore une histoire familiale, « C’est trois hommes seuls, d’une même famille, qui apprennent à être ensemble à nouveau », précise-t-il. Jouer, réaliser, il ne fait pas la différence : « J’ai toujours eu envie de faire les deux, je ne sépare pas, pour moi, c’est le même métier que de faire l’acteur, c’est raconter une histoire ». Il a cependant fait le choix de ne pas jouer dans son film : « Je n’aurais pas pu, pas pour un premier film, je n’avais du tout pas envie de jouer ni de me filmer, j’avais vraiment envie de sortir de moi-même ».

Sortant de sa poche un téléphone portable d’un autre siècle (« Je n’aime pas trop les nouvelles technologies, ça ne marche jamais », explique-t-il), Félix Moati revendique aussi des influences d’un autre âge : Bergman, Scorsese, Woody Allen, Truffaut, Melville… « Particulièrement un Melville, L’armée des ombres », ajoute-t-il.

Patrick TARDIT

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