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Liam Neeson : « J’aime jouer l’homme ordinaire »

L’acteur joue un banlieusard au train-train quotidien très perturbé dans « The Passenger », un film d’action de Jaume Collet-Serra.

Dans ce thriller à grande vitesse, Liam Neeson joue à nouveau un héros solitaire qui tente d'éviter une catastrophe.
Dans ce thriller à grande vitesse, Liam Neeson joue à nouveau un héros solitaire qui tente d’éviter une catastrophe.

« Vous trouvez votre trajet pénible ? », dans le métro parisien une pub interpelle les voyageurs ; « Ce n’est rien comparé au sien », affirme l’affiche de « The Passenger », film de Jaume Collet-Serra (sortie le 24 janvier). Le trajet réellement pénible, c’est celui du personnage incarné par Liam Neeson, banlieusard new-yorkais dont la journée avait pourtant débuté comme d’habitude.

Un matin comme un autre, le train-train quotidien depuis une dizaine d’années, petit-déj, la bise à madame, train de banlieue direction New York, le building où il bosse dans une société d’assurances, la routine… Sauf que ce jeudi 25 août, rien ne va se dérouler comme d’habitude. Sur le trajet aller, rien à signaler. Mais dans la journée, il est viré de son boulot sans prévenir, n’ose pas le dire à sa femme, va prendre un verre avec son ancien coéquipier (du temps où il était flic), puis reprend le train, pour rentrer chez lui.

Le voyage retour sera très mouvementé. Car, à peine assis dans le wagon, une inconnue (jouée par Vera Farmiga) lui fait une offre qu’il aura du mal à refuser : 100.000 dollars contre un petit service, identifier un passager du train, c’est tout. En fait, ce n’est pas si simple, sa famille est menacée, il est manipulé, et Liam Neeson incarne, encore une fois, un homme seul contre tous dans un film d’action, un type ordinaire qui se démène pour empêcher une catastrophe.

« Je suis passé d’un avion à un train »

« J’aime jouer l’homme ordinaire, OK il a été flic mais il vend des assurances depuis dix ans, il perd son boulot parce qu’il a soixante ans, le chômage, la classe moyenne qui se désintègre, tout le monde peut s’identifier, mon personnage n’est pas un super-héros, c’est un homme ordinaire », confiait Liam Neeson, dans une suite du Bristol, à Paris.

Vera Farmiga, Liam Neeson, et le réalisateur Jaume Collet-Serra, sur le tournage de "The Passenger" aux Pinewood Studios à Londres
Vera Farmiga, Liam Neeson, et le réalisateur Jaume Collet-Serra, sur le tournage de « The Passenger » aux Pinewood Studios à Londres

« The Passenger » est son quatrième film avec le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra, après « Sans identité », « Non-stop », et « Night Run ». « A chaque fois on travaille de façon plus en plus proche, on ne sur-analyse pas chaque chose, on ne cherche pas des motivations au personnage, on est vraiment dans le concret tout de suite », raconte l’acteur, « J’arrive sur le tournage, on regarde ensemble les mouvements de caméra, et on y va, on filme, c’est aussi simple que cela. J’aime son énergie, il aime mon énergie, c’est comme ça qu’on travaille, et c’est de plus en plus facile à chaque fois ».

« Non-Stop » se déroulait dans un avion, « The Passenger » est piégé à bord d’un train, décor unique d’un thriller à grande vitesse. « En fait, le scénario original de The Passenger contenait plus de scènes à l’extérieur du train, mais c’est Jaume qui a décidé de se concentrer à l’intérieur, qu’il y ait cette tension qui monte et empêche le public de souffler avec des scènes extérieures », précise Liam Neeson, « J’aime le défi de tourner dans un espace limité, j’aime travailler avec lui parce qu’il est très inventif et met les caméras au service de l’histoire, je suis passé d’un avion à un train, et nous allons faire un autre film l’an prochain dans un espace encore plus petit ».

« C’est sympathique d’avoir une image de protecteur »

C’est à Londres que le cinéaste a dû reconstituer New York et sa banlieue. « Nous avons tourné le film aux Pinewood Studios, où Star Wars venait de terminer », raconte Liam Neeson, qui a incarné un chevalier Jedi dans l’Episode 1 de la saga intergalactique. « Nous avions construit une voiture et demie du train, sur un système hydraulique, tout le reste était sur fond vert, je ne comprends toujours pas la mécanique de tout cela, mais le train est supposé avoir six ou sept voitures. La première semaine, on travaillait des scènes qui se passaient dans l’une des voitures, pendant le week-end le chef-décorateur et ses équipes changeaient quelques éléments de décor, pour tourner dans une autre voiture », dit l’acteur « Pour la séquence où j’arpente le train d’un bout à l’autre, il a fallu une semaine et demie. Jaume est très méthodique, il fallait tourner en dix semaines et libérer le studio avant qu’un autre Star Wars n’arrive, l’organisation de l’équipe était superbe ».

S’il a prêté sa haute stature à des rôles « historiques » et dramatiques (Oscar Schindler, Michael Collins, Jean Valjean, Dr Kinsey…), Liam Neeson est désormais une star de films d’action, ceux de Jaume Collet-Serra ou la trilogie bessonienne « Taken », qui lui ont donné une image de « John Wayne des temps modernes ». « C’est sympathique d’avoir cette image de protecteur, c’est mon image actuelle à l’écran, mais en tant qu’acteur, ce qui est intéressant c’est de faire des choses différentes ; je viens de tourner un gars pas cool du tout avec les frères Coen », dit-il.

Et puis il se rapproche de l’âge limite pour ce type de films très physiques. « J’ai 65 ans », rappelle Neeson, qui donne son emploi du temps sur le tournage de « The Passenger » : « Réveil à cinq heures tous les matins, j’allais faire de la gym, ensuite j’allais aux studios tourner jusqu’à 18H30, je dormais pendant quinze minutes, j’allais aux répétitions pour travailler sur les combats avec les cascadeurs, ensuite je rentrais et je m’effondrais, c’est ma vie, très monastique ».

Et si on lui faisait cette proposition, une grosse somme contre un petit service, comment réagirait-il ? « C’est une question morale. Dans le film, le gars a 60 ans, il est viré de son job, un fils au collège, des dettes, il a besoin d’argent… Est-ce que je le ferais ? Je pense que je serais tenté », répond Liam Neeson.

Patrick TARDIT

« The Passenger », un film de Jaume Collet-Serra avec Liam Neeson (sortie le 24 janvier).

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